Deux jours dans un écrin de verdure : le Cerdd expérimente l'approche narrative sur les questions de l'alimentation

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  • Mise à jour le 11 février 2025
  • Création le 11 février 2025

Les 8 et 9 juillet 2024, sept élu·es et technicien·nes en charge d’un projet alimentaire territorial (PAT) dans les Hauts-de-France se sont réuni·es à l’occasion d’une résidence narrative. Direction la villa Marguerite Yourcenar, nichée au cœur du Mont Noir, dans les Flandres, pour une expérience encadrée par le Cerdd et la Fabrique narrative en partenariat avec le Département du Nord et la DRAAF. Objectif : consolider le lien entre élu·e et technicien·ne en vue de renforcer l'impact et la reconnaissance des PAT.

Ont participé à ce projet : 
Clotilde Bulté et Véronique Thiébaut, respectivement technicienne et élue du PAT de la Communauté de Communes du Sud-Artois, Céline Maeckereel et Jean-Pierre Puchois, respectivement technicienne et élu du PAT de la Communauté Urbaine d’Arras, Félix Degrave et Geoffrey Mathon, respectivement technicien et élu du PAT de la Communauté d’Agglomération de Lens-Liévin, Nicolas Lebrun, technicien du PAT de la Communauté d’Agglomération de la Porte du Hainaut.

Quatre personnes discutent en marchant entourés de verdure, derrière elles on voit une grande et belle batisse à comlombages.

Chacun·e s’est plié·e à l’exercice proposé par Alexandre Mougne de la Fabrique narrative. Créer, durant deux jours, un espace propice aux échanges entre binômes et entre pairs, les faire cheminer, ensemble, sur leurs relations professionnelles, leurs méthodes de travail, ce qui leur donne envie d’agir et ce qui les anime dans la mise en œuvre de leur projet alimentaire territorial. Voici quelques-uns des objectifs de cette résidence inédite qui s’est tenue dans la villa Marguerite Yourcenar à Saint-Jans-Cappel au tout début de l’été 2024.

« Quelle est la raison pour laquelle vous avez fait le choix d’être là ce matin plutôt qu’ailleurs ? » L’une des premières questions soulevées par Alexandre Mougne pose le décor alors même que chacun est arrivé ici pour des raisons et avec des attentes qui lui est propre : 

Très vite, les échanges s’enchaînent : « Qu’est-ce que vous aimez que l’on dise de vous dans le cadre de votre travail ? » « Qu’est-ce qui est important pour vous au travail ? » « Qu’est-ce qui vous anime dans un PAT ? » Les participant·es, guidé·es par des questions précises et profondes, peuvent aussi s’abstenir de répondre, si ils·elles le souhaitent.

Ici, pas de route toute tracée, le choix des mots compte, tant dans la formulation des questions que dans les réponses apportées. Guider sans imposer, laisser le groupe aller sur le chemin qui lui convient, telle est la méthode proposée.

Des histoires émergent...

Chacun·e se retrouve à parler de soi, de son parcours, de ses valeurs, de ce qui est important dans les relations au travail. Au fil des deux jours, la villa Marguerite Yourcenar devient le lieu où, au-delà des histoires, des anecdotes que l’on raconte et qui résonnent chez les autres participant·es, des ressentis profonds (éco-anxiété, frontière poreuse entre les valeurs personnelles et le métier), qu’il peut être difficile d’exprimer dans un cadre professionnel classique, émergent, au point d’étonner certains :

La qualité des échanges renforce, au fur et à mesure, le lien élu·e/technicien·ne permettant à tous·tes les deux de prendre conscience du rôle complémentaire et essentiel de l’autre dans la réussite de la mise en place d’un PAT. Chacun·e devient alors un “phare” qui guide l’autre, avec la confiance mutuelle comme boussole. Les barrières tombent et les postures changent, même entre élus et techniciens de territoires différents. 

Au deuxième jour, direction les jardins de la villa, au beau milieu des pommiers et autres arbres fruitiers. Les échanges fusent : « Pourquoi est-ce si important pour toi de mettre en œuvre ce PAT ? » La justice sociale, le droit fondamental d’avoir accès à une alimentation de qualité, la remise en cause des lobbies industriels, la nécessité de placer l’humain au cœur du projet… Les motivations se rejoignent pour beaucoup, sortes d’invariants comme il en existe tant d’autres dans les différents PAT des territoires présents. Le besoin, par exemple, de nourrir l’ensemble des politiques publiques de la collectivité sans donner le sentiment d’envahir mais plutôt d’irriguer… « Comment faire passer l’idée que l’alimentation est “au cœur“ et ne vient pas seulement “en plus“ ? »

Travailler main dans la main

Mais alors, si chacun est confronté aux mêmes interrogations dans la mise en œuvre du projet alimentaire territorial, pourquoi ne pas travailler davantage main dans la main, échanger autour de ces objectifs communs et des solutions pour les atteindre ?

Après deux jours, les enseignements semblent riches : l’importance de relativiser le fait de ne pas atteindre ses objectifs, de prendre le temps de célébrer, malgré tout, et de garder à l’esprit qu’être dans l’action apporte forcément, quelque soit l’issue.

Chacun·e repart avec des envies dans sa besace, imprégné·e par cette approche narrative dans laquelle les relations et les histoires que l’on raconte de nous nous façonnent. Une approche qui semble avoir inspiré les participants et qui fait naître des histoires qui sortent des sentiers battus. Les retombées de ces dernières sur les rouages du PAT et sur le territoire dans sa globalité peuvent être puissantes comme par exemple, à terme, favoriser l’implication des citoyen·nes. 

Manifeste pour une alimentation joyeuse et festive

Découvrez ici le Manifeste pour une alimentation joyeuse et festive auquel ont donné naissance ces deux jours de résidence, fruit du travail et des échanges entre les différents participants à cette première édition.

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