Sauver les arbres de la forêt de Chantilly
- initiative
- récit
Une décennie d’épisodes caniculaires et de sécheresse cumulatifs, des hannetons forestiers qui prolifèrent dans le milieu ouvert par les coupes claires, des plantations de régénération en échec... Le résultat est net et sans appel : 40 % des chênes de la forêt de Chantilly sont en train de dépérir. Face à cette situation catastrophique, partenariats et actions sont mis en œuvre entre le propriétaire privé, l’Office National des Forêts, gestionnaire de la forêt, et le Parc Naturel Régional Oise Pays de France.
Fiche initialement publiée en 2022.
Le projet en bref
Objectifs de développement durable
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En 2020, à l’aube de l’écriture du nouveau plan de gestion forestier 2020-2040, un diagnostic confirme le dépérissement généralisé de la forêt de Chantilly : plus de 50 000 chênes sont en train de mourir. L’Institut de France, propriétaire de la forêt, s’en est ému et a constitué un comité d’orientation scientifique et multidisciplinaire constitué de l’Office National des Forêts (ONF), du PNR Oise-Pays de France, du Conservatoire botanique national de Bailleul, d'Interface Forêt et de l’INRAe de Nancy, pour lancer le projet « Ensemble, sauvons la forêt de Chantilly », également soutenu par un comité de bénévoles mobilisés dans les opérations de relevés des données.
Ce programme de recherche-actions expérimental, unique en France pour sauver une forêt, intègre :
- des diagnostics pour cerner et comprendre la situation exacte ;
- des projections et la co-construction de pistes de solution ;
- l’élaboration d’une feuille de route ;
- des protocoles d’évaluation et de suivi.
Le pré-diagnostic effectué par le PNR a ainsi débouché sur la mise en place de 300 placettes (sites d’observation du couvert arboré d’environ 100 m2 de surface), pour évaluer plus finement le capital forestier, estimer le nombre d’arbres, analyser leur état sanitaire et la nature du sol… Soixante placettes ont été installées pour un diagnostic approfondi avec des relevés permettant l’analyse du sol, du sous-sol, du rôle des insectes ravageurs, l’identification des leviers de régénération possibles, etc.
Des prises de décisions radicales
À ce jour, les premiers diagnostics effectués posent plus de questions qu’ils n’offrent de réponses sur les solutions à mettre en place. Les experts cherchent ainsi à comprendre les processus en jeu dans le fonctionnement de l’interaction sol-arbre après avoir constaté des différences notables d’état entre arbres présents sur un même site d’observation et dont la qualité de sol est homogène.
Face à la détérioration accélérée de ce précieux écosystème forestier, des décisions radicales ont déjà été prises : la fin des coupes claires pour maintenir le couvert forestier en continu, l’arrêt des plantations d’arbres en parcelles grillagées, l’introduction de nouvelles essences, comme les chênes sessiles des forêts méridionales, sélectionnées pour résister au réchauffement climatique, ou encore l'établissement d'un programme scientifique collaboratif de connaissance et de monitoring.
En quoi cette initiative est-elle bonne pour l’adaptation aux changements climatiques ?
Les premières études pluridisciplinaires visent à établir les diagnostics qui permettront de trouver les solutions pour sauver la forêt de Chantilly et lui permettre d’être plus résiliente face aux changements climatiques :
- Capitalisation des connaissances : fonctionnement de l’arbre et plus globalement de l’écosystème forestier (sol et sous-sous sol, micro-organismes, …)
- Prospective participative : projections climatiques, modélisations (sol-végétation-atmosphère), scénarios de gestion, etc.
- Plantations expérimentales avec de nouvelles essences résistantes au réchauffement climatique
- Suivi de l’évolution de la forêt : blocages de régénération et leviers sylvicoles
- Adaptation des modalités de chasse et et sécurisation de la filière bois
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