Créer les conditions idéales pour l’investissement
Du fait de leur mauvais état sanitaire, les bâtiments du site de la caserne Schramm présentaient beaucoup de contraintes pour être réutilisés en logements (surface réduite entre murs de refends, peu de fenêtres par mètre carré …). L’ensemble a été perçu comme austère par les potentiels investisseurs, rendant la projection difficile.
Trois facteurs ont cependant favorisé le projet. Le premier est l’inscription en 2012 de tous les bâtiments à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques. Ce statut permet de défiscaliser une partie des travaux et de rendre le coût de l’opération supportable par l’investisseur (plus d’informations sur l’évolution des lois de protection du patrimoine français ici).
Le deuxième est l’emplacement idéal du quartier, à proximité du centre-ville. Le dernier est la relation de confiance déjà établie entre la CUA et l’opérateur immobilier retenu (Histoire & Patrimoine), qui s’était chargé de la réhabilitation de la Citadelle dès 2010. « Le dynamisme des élues et des équipes techniques les ont mis en confiance pour poursuivre leurs investissements sur Arras et ils ont saisi cette belle opportunité », poursuit Thomas Floc’h.
Redonner du sens
Après validation de la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC), les travaux débutent en 2015. Trois bâtiments sont réhabilités en logement, et le dernier en résidence pour séniors, baptisée « Les Jardins d'Artois ». Une attention particulière est portée à la conservation de la matière (maçonneries et charpentes en bois) et à l’amélioration de la performance énergétique (isolation, remplacement des fenêtres, chauffage par le réseau de chaleur urbain).
La CUA se charge de la viabilisation et des aménagements publics (voiries, stationnements, espaces végétalisés, éclairage public, ...). Une partie de l’enceinte est démolie afin de restituer un portail monumental en forme de demi-lune. Cet ouvrage a permis de rétablir de nouvelles perspectives vers la place Victor Hugo et son obélisque, tout en créant une nouvelle liaison piétonne vers ce nouveau quartier. Un square public a été aménagé et la desserte des logements s’organise via des allées piétonnes ponctuées par des bancs intégrés dans des haies, volontairement épaisses, afin de mettre à distance le public des terrasses privatives.
La caserne Schramm construite dans les années 1690 est aujourd’hui métamorphosée et plus de 500 personnes vivent dans ce nouveau quartier ouvert sur la ville.
Un aménagement au fil de l’eau
Forte de cette expérience, la CUA poursuit désormais sa politique de réhabilitation en se concentrant sur l’esplanade du gouverneur qui doit à terme devenir un espace public structurant entre la citadelle et le centre-ville d’Arras. « Cet espace s’est ouvert progressivement au public, grâce à la création d’une nouvelle liaison piétonne le long du ruisseau des hautes fontaines, le passage d’une navette gratuite de centre-ville et la création d’un parking relais, souligne Thomas Floc’h. L’eau est le fil conducteur naturel entre les trois sites car depuis les douves de la Citadelle, le ruisseau traverse l’esplanade du Gouverneur avant d’être canalisé devant la caserne Schramm. Il s’agit à présent d’aménager un espace public qualitatif en s’appuyant sur cet élément structurant et générateur d’ambiance apaisée ».
En plus de la construction d’un nouveau collège, la ville souhaite y créer des espaces de renaturation et de désimperméabilisation du sol, importants pour lutter contre les îlots de chaleur urbains et permettant l’infiltration de l’eau. Les abords de la Citadelle étant l’un des principaux espaces verts d’Arras, il était important de valoriser les espaces déjà existants, mais aussi de les développer.
Ces réhabilitations sont maintenant constitutives de son identité de ville dynamique et accueillante ... Un bel exemple qui montre que les friches peuvent devenir un atout de taille pour les communes !