Fives Cail, la métamorphose d’une friche en écoquartier
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- récit
Pendant plus d’un siècle, le faubourg lillois de Fives a vécu au rythme de la sidérurgie. Sous les noms de Fives Lille-Cail, Fives-Lille ou encore FCB, les marteaux de l’usine étaient le pouls du quartier. En 2001, quand l’activité cesse, une friche industrielle de 25 hectares devient le témoin de ce passé. De nos jours, les équipes de la Soreli, en charge de la réhabilitation du site, œuvrent pour que celui-ci retrouve sa place au sein du quartier. Suivez le guide !
Le projet en bref
Objectifs de développement durable
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L’histoire de la métallurgie à Fives débute en 1861 avec l’arrivée d’ateliers de construction mécanique spécialisés dans la fabrication de locomotives à vapeur et de voies de chemin de fer. Au fil des ans, les activités se diversifient (ponts, charpentes métalliques…) et le périmètre de l’usine s’étend avec la construction de nouvelles halles conçues sur-mesure pour accueillir des projets hors normes (ascenseurs de la tour Eiffel, pont Alexandre III, tunnelier pour le creusement du tunnel sous la Manche…). À la fermeture, en 2001, les bureaux et halles qui occupent alors 25 hectares se vident et deviennent inaccessibles au public. En 2007, la Métropole européenne de Lille (MEL) rachète le site au dernier propriétaire et entame, avec la Soreli, les réflexions pour la reconversion du site.
La Soreli, société d’économie mixte (SEM), est un outil opérationnel de la MEL et de la Ville de Lille pour mettre en œuvre des projets urbains. Depuis 1982, ces collectivités délèguent par ce biais leur compétence de maîtrise d’ouvrage notamment pour le réaménagement de friches industrielles. En fonction des besoins, la SEM pilote les opérations de déconstruction, de dépollution des sols, d’aménagement des espaces publics, de viabilisation… Dernière mission, la vente des terrains lors de laquelle l’aménageur s’assure que les projets des acheteurs respectent bien le cahier des charges du projet politique global du site.
En raison de l’ampleur de la friche, la réhabilitation se déroule sur le temps long (plus d’une dizaine d’années). La Soreli ajuste donc le projet aux évolutions de la commande politique et du cadre réglementaire (modification du Plan local d’urbanisme de la MEL par exemple).
Mais les orientations fixées en 2010 pour la réhabilitation du site restent valables. Pour « inventer la ville de demain » et « créer un lieu autour d’une pluralité de fonctions » c’est un écoquartier qui est conçu, au sein duquel il sera possible de vivre, de travailler, d’apprendre, de cuisiner et manger, de nager ou de se balader. La priorité est donnée aux mobilités douces, la place de la voiture est limitée : pas de voiries dédiées mais des parkings sur plusieurs étages pour se garer.
L’opportunité du réemploi
Le projet a également été construit avec l’ambition de conserver la mémoire industrielle et de s’engager sur la voie de la sobriété. Dans ce cadre, le réemploi apparaît comme une opportunité !
La réutilisation des halles, cathédrales de métal et de briques, est étudiée et les projets permettant leur conservation ont la priorité. Aucune démolition préalable n’a été réalisée sur ce site. Au sol, cela permet par exemple de conserver les pavés et anciens rails.
Cependant, certaines halles en trop mauvais état doivent être déconstruites. Dans ce cas, c’est le réemploi des matériaux qui est mis en œuvre. La réalisation de diagnostics « produits, équipements, matériaux et déchets » (PEMD) permet d’identifier les gisements valorisables ou les exutoires.
Les métaux sont revendus pour partie par l’entreprise de démolition, ce qui permet une moins-value sur la facture payée par la Soreli. Pour le réemploi des briques (environ 3 600 000 !), le projet de Fives-Cail est un lieu d’expérimentation pour trouver des solutions sur site ou à défaut en majorité sur des projets de proximité. À ce stade, il est envisagé de réutiliser les briques pleines pour habiller les bâtiments de parking ou alors d’utiliser des briques concassées en remblais ou dans des formulations de sols ou de bétons. Ces solutions sont plus compliquées à mettre en œuvre car elles peuvent nécessiter l’obtention d’une Appréciation technique d’expérimentation (ATEx) auprès du Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB).
Autre illustration du réemploi sur ce projet : la déconstruction à venir de la Halle Saint-Louis (la plus haute du site culminant à 33 m) dont les arches métalliques seront laissées en place pour créer un espace de promenade couvert. L’entreprise de déconstruction devra également déposer avec minutie certains éléments du bâtiment (poutres, échelles, lampadaires…) qui seront par exemple transformés en mobilier urbain.
Un espace rendu au quartier
Débutés en 2012, c’est quatre ans plus tard que les travaux se concrétisent avec l’ouverture de la rue André Ballet (qui relie le site au métro) et la première rentrée pour les étudiants du Lycée hôtelier international de Lille (LHIL). Depuis, le Passage de l’Internationale a été ouvert au public et les premiers bâtiments réhabilités accueillent une brasserie et, d’ici fin 2024, un tiers-lieu. En 2024, le lancement de Chaud Bouillon et l’arrivée prévue en 2027 des ateliers Meert actent l’implantation d’un « écosystème du goût » au sein des anciennes halles.
Mais le projet ne s’arrête pas là ! En 2025, l’aménagement d’un parc de 5 ha doit débuter avec la déconstruction de plus de 3,5 ha de halles et la dépollution des sols environnants. Le parc et ses usages ont fait l’objet d’une concertation à laquelle plus de 600 riverain·es ont participé.
La concertation des habitant·es du quartier est d’ailleurs dans l’ADN du projet depuis sa création : en 2005 déjà, ils et elles étaient consulté·es sur le devenir de la friche, puis ce fut encore le cas en 2016. Les habitant·es sont tenu·es informé·es de leur avancement grâce au journal d’information du projet, publié deux fois par an et distribué dans toutes les boîtes aux lettres du quartier. Fives-Cail trouve ainsi un chemin vers ses voisins avant que ceux·celles-ci retrouvent le chemin de Fives Cail.
