Vidéo initiative #7 | Animer un territoire autour de la gestion des déchets, avec Valor'Aisne à Laon

  • initiative
  • vidéo
  • Mise à jour le 16 juin 2025
  • Création le 27 janvier 2025
  • Laon

Grâce à un financement de l'ADEME, le syndicat de valorisation des déchets de l'Aisne a pu développer de multiples actions lui permettant d'accélérer les changements de comportements, auprès du grand public comme des acteur·rices économiques. De nouvelles pistes se dessinent !

 

Fiche initialement publiée en 2021 - vidéo en 2025.

Le projet en bref

Objectifs de développement durable

  • 9. Industrie, innovation et infrastructure
  • 11. Villes et communautés durables
  • 12. Consommation et production responsables

# Sur les mêmes sujets

  • #déchets
  • #économie circulaire

Le Codec, Contrat d'objectifs déchets économie circulaire, est une démarche territoriale proposée par l'ADEME, bien moins connue que d'autres dispositifs. « Peut-être parce que le paiement du dernier tiers dépend de l'atteinte des objectifs ? », s'interroge Delphine Bourgeois, responsable de l'économie circulaire chez Valor'Aisne, le syndicat départemental de traitement des déchets ménagers de l'Aisne qui vient de bénéficier du dispositif et en reconduit les actions.

Valor'Aisne a été créé en 2003 à l’initiative du Conseil départemental. 14 collectivités lui délèguent leur compétence en matière de traitement des déchets qu'elles continuent à collecter auprès de 96% de la population du département, soit environ 531 000 habitant·es. En 2020, 256 000 tonnes de déchets ménagers issues des collectes en porte à porte ou en déchetterie ont été traitées.

De par ses missions, Valor’Aisne se positionne comme un acteur du développement durable et mène des réflexions sur la réduction et la valorisation des déchets. Avant de rentrer dans la démarche Codec, le syndicat avait mis en place un contrat d'objectifs territorial déchets, de 2011 à 2014, puis des actions de prévention. « Mais nous avons eu envie d'initier une dynamique d'économie circulaire à l'échelle du département, explique Delphine Bourgeois. Comme nous ne sommes pas collecteurs, toute la difficulté était de ne pas aller sur les actions des collectivités, et de jouer la complémentarité ». Un pari d'autant plus complexe que les collectivités de l'Aisne diffèrent dans leurs fonctionnements de collecte.

Un programme pour se structurer

Un Codec s'étale sur trois années. L'aide financière de l'ADEME est plafonnée à 450 000 euros, avec un montant fixe de 270 000 € plus un montant variable de 180 000 € maximum, lié à l'atteinte des objectifs fixés. Valor'Aisne a commencé en janvier 2018. « Ce programme nous a permis de structurer les choses, explique Delphine Bourgeois, de nous fixer des objectifs, de les suivre régulièrement, et de faire des bilans assez poussés. Nous nous sommes senti·es assez libres : les premiers objectifs proposés ont été actés mais, au fil de notre expérience, nous avons pu les faire évoluer, selon les opportunités qui se sont présentées». 

Le Codec leur a en particulier permis de financer des études, notamment avec l'intervention d'un bureau spécialisé, ainsi qu'un poste de chargé·e de mission.

 « Notre idée était de co-construire avec les acteur·rices, pour trouver des filières adaptées à nos orientations, précise notre interlocutrice. Au départ, nous avons pris six mois pour faire le tour de tous les acteur·rices , pour présenter et expliquer la démarche, écouter leurs attentes et besoins, réajuster... C'était assez chronophage mais indispensable : cela nous a permis de tisser des liens, de fédérer... Il y a toujours eu du monde à nos comités de pilotage, alors que la principale difficulté, justement, c'est que tout le monde se sente concerné ! »

Changer les comportements

Les actions menées ont été très variées : sensibilisation du grand public, réalisation d'un forum du zéro déchet coordonné avec une collectivité, création d'un jeu sur l'économie circulaire, partenariat avec l'éducation nationale pour sensibiliser les élèves de cycle 3 et leurs enseignant·es à la prévention et au tri des déchets. « Nous visons le changement de comportement, les nouvelles façons de consommer », souligne Delphine Bourgeois. Ont aussi été organisées trois formations mutualisées, gratuites, à destination des animateur·rices pour leur permettre de sensibiliser le grand public.

Les études étaient destinées à apporter des changements concrets. L'une porte sur la caractérisation des ordures ménagères résiduelles afin d'identifier les gisements valorisables y restant (biodéchets, emballages), une autre sur les encombrants déposés en déchetterie afin de déterminer des gisements sur lesquels les acteur·rices de l'économie sociale et solidaire (ESS) pourraient intervenir par la suite.

Des groupes d'échange et de travail ont été menés avec les collectivités axonaises pour créer un véritable réseau de partage d'expériences en matière de gestion des déchets. Un des plus gros projets, baptisé ConcerTO, porte sur les déchets organiques. Il rassemble les parties prenantes de cette filière, en amont comme en aval afin d'encourager toutes les synergies possibles dans le but de collecter séparément les biodéchets, de lutter contre le gaspillage alimentaire, de sécuriser la filière méthanisation et d'en créer d'autres pour valoriser au mieux ces matières.

De nouvelles pistes

Valor'Aisne s'était fixé comme objectif de mobiliser et d'engager des démarches avec les acteur·rices économiques. « Sans le Codec, nous ne l'aurions jamais fait, affirme Delphine Bourgeois, car notre cœur de métier, ça reste le traitement des déchets ménagers ! Là, nous nous sommes rapproché·es de toutes les chambres consulaires, nous avons pu mener des diagnostics en entreprise, organiser des réunions en soirée, des groupes de travail. Et ce malgré la crise de la covid. » Tout ce travail a permis de lancer une réelle dynamique, d'autant qu'avec peu de clubs d'entreprises sur le territoire, ces temps de rencontre étaient particulièrement appréciés par les chef·fes d'entreprises, souvent confronté·es à une certaine solitude.

Valor'Aisne espère pouvoir dupliquer à d'autres endroits du département cette démarche d'écologie industrielle et territoriale. « Nous avons déjà trois ou quatre pistes de territoires intéressés, se réjouit Delphine Bourgeois. Nous avons pu montrer que c'était tout à fait réalisable : ce que certain·nes font rend les choses concrètes, donne des idées. Parfois de grands termes sont utilisés pour désigner des démarches assez simples ».

Reconduction ?

Delphine Bourgeois est très enthousiaste. « La démarche Codec nous a permis de créer de belles opportunités, de travailler de façon extrêmement variée et enrichissante. Je trouve cela vraiment valorisant ! Mon conseil, ce serait surtout de commencer avec les personnes vraiment motivées. Mieux vaut créer des zones pilotes avec elles, pour montrer que ça marche, il est ensuite plus facile de convaincre les personnes qui n'étaient pas mûres. Il faut savoir attendre ! »

Le financement n'est pas reconductible mais l'intérêt des travaux menés a été tel que cette année le syndicat a décidé de financer la poursuite de toutes les démarches entreprises, y compris la reconduction du poste de chargé·e de mission.